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  • IL ETAIT UNE FOIS ... MON PREMIER AMOUR D'ENFANCE

    Il arrive parfois que passé et présent s'entrecroisent, l'espace de quelques instants, au hasard d'un café, d'une rue... ou d'une simple programmation musicale, totalement imprévisible et imprévue.

    En ce froid dimanche de fin d'automne creusois, la radio en fond sonore, j'essaie d'organiser, le plus efficacement possible, le planning de cette journée chargée, entre obligations journalières incontournables et moments de liberté moins stressés.

    J'aime ces moments de calme furtif, fenêtres entrouvertes sur un panorama automnal magnifique avec le chant de quelques oiseaux dans les haies et arbres proches, presque totalement effeuillés.

    Mes oreilles reconnaissent soudain l'introduction musicale de la chanson "Il était une fois nous deux", immortalisée dans les années 70 par Joe Dassin, et qui a embelli l'été de mon premier amour d'enfance.

    Je n'avais pas dix ans, et ma petite silhouette et mes cheveux mi- longs avaient éveillé ce jour là la curiosité précoce d'un petit garçon, venu en vacances chez sa grand-mère.

    Bertrand avait les cheveux blonds et ondulés, de grands yeux bleus foncés... et de la suite dans les idées.

    Il avait facilement gagné la confiance de ma mère, qui m'avait autorisé à partager ses jeux du mercredi... d'autant plus que la maison de celle-ci était située à moins de cinq mètres de la nôtre.

    La grande pâture qui s'étendait juste derrière nos demeures respectives, devenait ces jours-là une "jungle", et nous nous transformions alors en "Indiana Jones" en quête de trésors, invisibles aux adultes, et que nous tolérions s'ils savaient rester discrets et à bonne distance de nos jeux.

    Près du vieux garage, la 4L de "grand-papa" servait d'abri aux chats errants et occasionnellement, à quelques oiseaux de passage.

    Ce matin-là, l'imagination de mon petit camarade de jeux la transforma... en avion perdu dans un désert hostile. Je jouais la panique pour qu'il me protège, pendant que sa sœur nous surveillait discrètement tout en cuisinant, avec la radio en fond sonore. C'est ce matin-là que j'entendis pour la première fois : "Il était une fois nous deux".

    Bertrand la connaissait déjà, car sa mère était fan de Joe Dassin. Après un moment de silence, il me murmura un timide "Je T'Aime!" à l'oreille, avant de m'embrasser sur les lèvres.

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    Ce petit baiser, à l'image de mon premier amour, était somme toute bien innocent ! Mais ma grand-mère nous surpris, m'asséna une belle paire de claques, avant de m'entraîner de force loin de ce "petit dévergondé".

    Premier amour contrarié, premières larmes !

    Rebelles, nous avons continués de nous voir en cachette cet été-là, jusqu'à ce que la rentrée nous sépare...

    Des années plus tard, le destin nous a remis face à face, dans un salon de thé... Avec la même chanson en fond sonore ! Clin d’œil malicieux du destin...

    J'ai remarqué qu'elle avait d'ailleurs servi de "fil rouge" à quelques unes de mes relations sentimentales marquantes.

    Je mesure aujourd'hui le chemin parcouru. Plus de 40 ans on passés, au fil des joies et de quelques lourds chagrins aussi.

    Il me reste quelques très beaux souvenirs, sur une chanson qui a bien traversé les années... au fil de ma vie.

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  • L'ENFANT AU STYLO ARC-EN-CIEL

    Au fil du temps qui passe, une même question revient souvent sur les lèvres des gens qui entrent et parfois restent dans ma vie. "Qui ou qu'est ce qui t'a donné l'envie d'écrire ?" Pour essayer d'y répondre, je vais virtuellement traverser le miroir du temps... et revenir au printemps de ma vie.

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    Ma vocation est née très tôt, après mon apprentissage de la lecture et les premiers livres offerts à l'école primaire, et aussi par ma nourrice. Il y avait toujours, posé bien en évidence sur sa table, un stylo à quatre couleurs qui me faisait rêver. Je venais d'intégrer l'école et j'avais reçu de ma mère mon premier stylo à bille, de marque "Bic". L'encre était bleue.... simplement bleue.

    Et je ne pouvait m'empêcher de rêver secrètement à l'autre stylo... celui  qui était toujours posé au même endroit,  sur la table de cuisine de ma "nounou"...  Un stylo à 4 couleurs que j'avais rebaptisé secrètement : le stylo arc-en-ciel.  

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    Me voyant malheureuse, ma nourrice décida de m'en offrir un "flambant neuf" à l'occasion de mon anniversaire.

    "Tiens ! me dit-elle. Voilà ton stylo "arc-en-ciel".

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    J'espère qu'il te permettra d'écrire de très jolies choses... Uniquement des jolies choses !" répéta-t-elle plus bas, avec un petit soupir de tristesse.

    Je l'ai d'abord remercié chaleureusement... avant de regarder plus attentivement l'objet longtemps convoité en secret. Fidèle à ma franchise (qui m'a valu par la suite pas mal de petits et gros "soucis"), je lui ai fait gentiment remarqué que l'arc-en-ciel, le vrai, avait 7 couleurs et non pas 4, et que le noir n'en faisait pas partie.

    Ma répartie abrupte aurait pu la vexer... Au lieu de ça, elle a éclaté de rire, en reconnaissant que j'avais raison. Ah, ce rire !!! Combien de fois, par la suite, il m'a réconforté....

    Elle m'avait comprise immédiatement. Intuitive, elle a par la suite encouragé ce que mon entourage prenait pour un "passe-temps débile".

    Mon stylo devint mon prolongement, et l'écriture ma thérapie. Cris silencieux que perçurent seulement ceux qui acceptèrent de me lire... et à l'époque peu ils furent vraiment très peu nombreux à m'encourager dans cette voie.

    Quelques décennies ont passées depuis... Mes tous premiers manuscrits ont, pour la plupart, été détruits par certains aléas brutaux de ma vie. C'est ainsi ! Ma passion des contes, nouvelles, et autres histoires, réalistes ou purement imaginaires, est toujours là.

    Et avec elle, le rêve d'écrire un jour, avec un vrai stylo arc-en-ciel, un roman où la couleur de chaque chapitre révélerait la psychologie ou les épreuves à venir des personnages dont j'inventerais l'existence. Un roman partagé avec le plus grand nombre, et où chaque lecteur trouverait le sens profond de sa vie.

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  • LA LEGENDE DU QUÊSNE AU LEU (LE CHËNE AU LOUP)

    Cette légende est liée à une clairière située dans la Forêt Domaniale de Mormal à quelques kilomètres du village d'Audignies, et remonte à la fin du Moyen-Âge, telle qu'elle m'a été racontée par quelques personnes âgées de mon village, et aussi par mes grands-parents.

    Mon arrière-grand-mère jurait avoir croisé dans sa jeunesse, un soir où le travail qu'elle effectuait régulièrement dans une ferme des environs avait duré plus longtemps que prévu, le regard et la silhouette fantomatique du grand loup gris de la légende. Elle était rentrée chez elle à toute vitesse, le cœur battant la chamade et les jambes tremblantes, blême de peur.

    Sa mère, après l'avoir écouté, lui avait fait avaler un petit verre de cognac, pour la réconforter, et s'était rendu dés le lendemain matin à l'église, où elle avait fait brûler un cierge devant l'autel de la Vierge Miraculeuse, en remerciement pour la protection accordée à sa fille la veille au soir.

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    Autosuggestion produite par le brouillard et la nuit naissance en bordure de forêt ou rencontre réelle, à classer dans le domaine parapsychologique... qui pourrait répondre à la question avec certitude ? 

    Pour ma part, j'aime à penser qu'elle s'est réellement produite... les légendes ayant toujours, c'est prouvé, un fond de vérité.

    En ces temps reculés de la fin du Moyen-Âge, les loups étaient présents dans toutes les forêts françaises. La forêt de Mormal n'y faisait pas exception et on entendait souvent le soir, le chant des loups se répondant en échos de plus en plus lointains, selon le temps et le sens du vent.

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    Les bergers se plaignaient déjà de leurs attaques, et certains chasseurs, payés souvent en nourriture, posaient alors des pièges dans le but de les tuer, ou au moins de les tenir à distance des enclos et autres pâtures où ils faisaient paître leurs troupeaux.

    Une femme sans famille, et qu'on disait un peu sorcière, vivait dans cette clairière, et avait construit sa cabane à l'ombre des chênes déjà centenaires à l'époque. Les gens la craignaient et presque personne ne lui parlait quand elle descendait une fois par mois, faire quelques courses à l'épicerie du village.

    Les loups, visiblement, toléraient sa présence...

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    et cela faisait jaser les commères de l'endroit qui y voyaient une preuve tangible de ses "supposés" pouvoirs maudits.

    La légende raconte donc qu'un soir d'automne, elle vit se dresser devant sa cabane la silhouette d'un grand loup gris, sans doute le mâle dominant de la meute qui vivait dans cette forêt.

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    Télépathe, elle capta mentalement sa demande d'aide et s'enfonçant un peu plus loin, le suivit sans crainte.

    Elle trouva sa femelle, la patte avant prise et broyée par le piège destructeur qui avait été posé là, sans doute peu de temps auparavant. Celle-ci avait perdu beaucoup de sang, à force de tirer sur la chaîne qui maintenait solidement le piège dans le sol.

    Après beaucoup d'efforts, elle réussit à la dégager, et la ramena à sa cabane, pour la soigner. Malheureusement, l'infection contractée à la suite de la blessure, et la perte de sang qu'elle avait subie, terrassa la louve courageuse qui mourut trois jours après.

    La belle magicienne l'enterra au pied du grand chêne,  à quelques mètres à peine de sa cabane.

    Le grand mâle ne se remit pas de la perte de la compagne qu'il aimait tant.

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    Il refusa de rejoindre sa meute, et resta couché au pied du vieil arbre, attendant la mort. Sa fidélité et le chagrin l'emportèrent en moins de deux semaines.

    La bonne dame fit pour lui comme pour sa femelle et l'enterra, en face du premier chêne. Ainsi étaient-ils unis dans la mort, comme ils l'avaient été dans la vie.

    Quelle ne fut pas sa surprise d'observer un curieux phénomène, quelques jours après. Les hautes branches des deux arbres s'étaient ployées et entremêlées en un curieux et magnifique arc de cercle, comme pour prouver à tous l'union posthume des deux loups pour l'éternité.

    Et la légende qui courut depuis lors affirma qu'en ce lieu, on pouvait encore entendre, les nuits de pleine lune, le chant d'amour du grand loup gris à sa femelle, et la réponse lointaine de celle-ci. L'audace de quelques hardis téméraires et la peur pour d'autres (comme mon arrière-grand-mère)  leur auraient même permis une "rencontre" fugitive avec celui-ci.

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    Les siècles ont passés sur la forêt de Mormal. Une auberge a été construite depuis, à quelques kilomètres de l'endroit "magique", dans une autre clairière.

    L'un des deux chênes, âgé de plus de 600 ans, a été déraciné par une tempête, à la fin des années 80. Il ne reste plus que celui qui abriterait encore, disent les plus anciens, les amours fantômes du grand loup gris.

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