UNE BOUGIE DE PLUS
Avis d’un SP reçu de Cécile Berger pour son autobiographie « Une bougie de plus »
Résumé du livre
Une bougie de plus représente un aboutissement pour Cécile Berger qui a su braver les épreuves que lui a imposées la vie. Ici, on y retrouve à la fois ses analyses, ses remises en question et ses tribulations. Par le biais de son voyage initiatique, elle partage son expérience de la résilience afin que chacun puisse s'y identifier pour ainsi trouver un peu d'espoir.
Quand Cécile Berger m’a proposé de Chroniquer son livre, j’ai immédiatement accepté pour 2 raisons.
La première est tout bêtement le titre qu’elle a choisi et qui a immédiatement piqué ma curiosité de lectrice autant que d’auteur et chroniqueuse. Et j’ai voulu savoir ce qui se cachait derrière la brièveté de cette petite phrase, un peu étrange pour un titre, de prime abord.
La seconde raison est que j’aime découvrir les (auto)biographies de personnes inconnues du grand public car pour moi, toute expérience de vie est porteuse d’enseignements susceptibles de faire évoluer le lecteur(la lectrice) au plus beau sens du terme. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue.
Cécile est une femme atteinte de mucoviscidose, mais qui a toujours refusé de s’en servir comme d’une excuse qui aurait pu justifier sinon son « laisser-aller » moral et physique du genre : »Moi de toute façon, avec ce que j’ai, je ne peux rien faire » ... avec le sous-entendu - « je n’essaie même pas et je reste assise sur le canapé en attendant que cette « chienne de vie » passe.
Elle fait partie de ces êtres lumineux qui brûlent leur chandelle – pardon, leur bougie pour rester fidèle au titre de son livre – par les 2 bouts, mais jamais « stupidement ».
Pas de conduite autodestructrice, mais au contraire un formidable instinct de vie qui lui fait apprécier le moindre petit bonheur, comme le fait, par exemple, d’aller se promener en sentant la chaleur du soleil ou le souffle du vent (elle qui en manque souvent si cruellement) sur son visage … Et c’est une première leçon pour nous qui sommes souvent si blasés, au point d’en oublier de regarder les beautés de la Nature et des êtres qui nous entourent chaque jour.
Aucun sentiment de révolte non plus contre cette maladie encore incurable à l’heure actuelle malgré l’évolution des traitements, aucune tristesse inutile ni souhait qu’on la plaigne. Elle a pris sa vie « à bras le corps », avec la ferme intention d’aller le plus loin et le plus haut possible, au sens le plus noble, suivant en cela l’exemple et les valeurs que ses parents lui ont transmises. Sa sœur (atteinte du même mal), son compagnon, et quelques amies fidèles sont également les « murs porteurs » d’une maison où il fait bon vivre.
Les + que j’ai aimé
Un livre agréable à lire, sans aucune faute d’orthographe ni d’impression (et oui cela arrive plus fréquemment qu’on ne le croit quand ils sont déposés sous le couvert de petites maisons d’édition ou autoédités par l’auteur lui-même)
Une couverture originale, petite porte d’entrée peinte de la couleur du ciel quand il est sans aucun nuage.
Un ton qui n’est jamais « plaignard », aigri ou « revanchard ». Il survole la réalité d’une maladie qui complique souvent la vie de l’auteur sans lourdeur inutile. Aucune description morbide des symptômes provoquée par la mucoviscidose n’apparaît d’ailleurs jamais au fil d’un récit pétri de l’optimisme qui fait partie intégrante de la personnalité de l’auteur.
L’écriture fluide qui coule comme la source de la résilience qui est en elle. Les phrases courtes sont percutantes, il souligne les aspects attachants d’un caractère bien trempé, capable de vraies révoltes quand le sujet en vaut la peine (le respect de toute vie ou la protection de notre planète par exemple) autant que par les émotions qui la traversent sans cesse et qu’elle ne cherche jamais à dissimuler. La lecture laisse deviner une voix qui doit être tantôt douce, tantôt ferme et vive (avec peut-être certains de ses élèves puisqu’elle est enseignante) quand il le faut.
Les -
Le seul petit regret que j’ai éprouvé est celui du survol, trop rapide à mon goût de ses années d’étudiante quand elle a décidé de se former au métier d’enseignante. J’aurai aimé connaître les éventuelles difficultés qu’elle a sans doute rencontré dans son parcours à cause de sa maladie – certaines personnes ne brillant hélas pas par la tolérance, quel que soit le milieu - et surtout comment elle les avait surmonté.
La citation que j’ai préférée
« Le jour où je disparaîtrai, à cause de la muco’ ou d’autre chose, j’espère sincèrement que mes proches sauront que j’aurai vécu pleinement, que je n’ai aucun regret, et que ceci allégera un peu leur peine. J’ai un objectif secret, c’est d’atteindre les soixante-dix ans. Si je vis jusqu’à cet âge, je pourrai crier ma plus grande fierté qui sera alors que la muco’ ne m’aura rien enlevé, et là, j’aurai gagné la guerre !
À chaque anniversaire, je suis contente d’ajouter une bougie. C’est chaque année un petit pas de gagné contre la maladie. Par conséquent, aussi étrange que cela puisse paraître à tout un chacun, je suis heureuse de vieillir, j’aime vieillir. Et j’aime contempler ces visages vieillissants. La beauté physique pourrait nous faire penser que la jeunesse est belle et que cette beauté disparaît au fil du temps. Néanmoins, je pense qu’en vieillissant, c’est une autre beauté que nous gagnons. Les premiers cheveux gris qui deviennent de plus en plus blancs, les apparitions de rides aux coins des yeux ou aux commissures des lèvres qui marquent doucement leur présence, c’est un visage qui sourit ou qui s’énerve mais c’est un visage qui exprime des émotions. Tout ceci est pour moi le signe de l’expérience vécue et je préfère ces visages à ceux à la peau de bébé sur laquelle glissent les années sans s’accrocher. J’aime les mains ponctuées de taches de vieillesse, je les trouve rassurantes. »
J’ai adoré découvrir la personnalité si attachante de cette auteure, à travers une biographie résolument optimiste. Elle n’a qu’un parti-pris, celui du sourire, et de la joie de vivre. Ce petit livre est un concentré de bonheur à garder précieusement dans sa bibliothèque ou dans le tiroir de sa table de chevet, pour pouvoir le relire les soirs de cafard, quand la tentation de baisser les bras et de se laisser-aller nous guettera.