NOUS, SEULS FACE AU MONDE
Résumé du livre
Une mère et son fils se retrouvent et décident de faire un road trip pour fuir leur passé et leur pire cauchemar.
Entre montagne et océan, cette aventure va leur permettre de renouer leur lien. Un périple émouvant qu’ils n’oublieront jamais.
Ce que j'en ai pensé
Je tiens d’abord à remercier Jérémy Sensat de la confiance qu’il m’a de nouveau accordé en me permettant de chroniquer cet ouvrage, bouleversant à plus d’un titre.
Dans cette nouvelle aux allures de récit initiatique, Jérémy Sensat nous offre un roman court – 92 pages – mais intensément chargé en émotions, explorant avec une rare délicatesse les liens invisibles qui relient une mère et son fils, au-delà des silences, des non-dits, des cicatrices du passé et de l’absence brutale et définitive de celle-ci.
Tout commence avec Jeremy, personnage principal, en pleine crise existentielle. Sa vie personnelle et professionnelle s’effiloche sous le poids des automatismes, des déceptions, d’une routine sclérosante. Lors d’un événement familial, il croise à nouveau le regard fatigué de sa mère, qu’il n’a pas vue depuis longtemps. Il devine derrière les sourires convenus une profonde détresse. Sa décision est alors sans appel : la sortir de l’emprise d’un époux violent et toxique, et l’héberger temporairement chez lui.
Mais ce n’est que le début d’un bouleversant retour à soi. Pour se reconstruire mutuellement, mère et fils entreprennent un road trip dans les Pyrénées. Loin des bruits du monde, ils renouent un dialogue fragile et profond, affrontant leurs blessures, leurs échecs, leurs peurs les plus intimes. Jérémy Sensat orchestre ici un ballet d’émotions d’une sincérité rare, où les paysages traversés deviennent les reflets d’un monde intérieur en pleine mutation.
L’auteur brosse avec justesse le portrait de deux êtres cabossés mais courageux, chacun à sa manière, qui vont peu à peu réapprendre à vivre. Il aborde les thèmes de la résilience, de la reconstruction, du pardon, du choix de sa propre voie, sans tomber dans le pathos ou la facilité.
Sa plume est fluide, sobre dans l’émotionnel, mais diablement efficace. Le lecteur est happé dans cette aventure psychologique et humaine, jusqu’au twist final – que je ne dévoilerai pas – qui vient bouleverser la perception qu’on croyait avoir du récit.
Quelques coquilles typographiques restent à corriger, notamment dans le titre du chapitre 4 ("Il était un petit navie" au lieu de petit navire) et quelques accords de conjugaison dans les deux premiers chapitres. Mais cela n’entache en rien la qualité d’ensemble de cette œuvre profondément humaine.
J’ai également beaucoup aimé les petites images en noir et blanc illustrant chaque nouveau chapitre. Ceux-ci participent à l’émotion communiquée par l’histoire.
Ce livre est finalement un miroir tendu à chacun d’entre nous. Car derrière l’apparente simplicité de cette histoire se cache une vérité universelle : nous aurons tous besoin, un jour ou l’autre, d’être confrontés à un moment de rupture pour retrouver, peut-être, le fil authentique de nos vies.